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La Reine de la Nuit • Pv. Ariane

Posté le Sam 9 Fév - 5:00
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Sax avait la chance de posséder un visage qui se remarque. Au-delà d'une beauté toute relative, ses interlocuteurs ne se gênaient jamais beaucoup pour parler de ses yeux ou de ses sourires. Dans les flaques de foules grouillantes, les traits de son visage attiraient quelques œillades curieuses qui finissaient par mourir d'indifférence sur le chemin des passants. Ce soir, Sax savait que son visage "juvénile" n'aurait guère de problème à se faire remarquer. Après avoir garé sa voiture dans le parking de l'opéra, il resta longuement derrière son rétroviseur pour s'assurer que chaque détail soit correctement discipliné sous son perfectionnisme obsessionnel. Il rehausse sa coiffure, retire un fil disgracieux et nourrit son assurance de l'image que le miroir lui renvoi. Après quelques sourires à son reflet, il sort de sa voiture puis du parking pour rejoindre les marches de l’Opéra.

Sax était tout de même dans le trouble. Il ne savait pas ce qu'il attendait de ce date. D'avance était-il convaincu que ça ne matcherait pas, une fois en face à face. Une certitude qui nourrissait ses angoisses de l'assurance de celui qui n'a rien à perdre. Envoyant un dernier Snap' sur sa story, Sax observait les environs. Le boulevard commençait à rayonner d'une couleur automnale de fin de journée. Il était encore tôt et Sebastian avait peur de ruminer son pressentiment infernal trop longtemps.

Tu perds ton temps. Elle est conne. Méprisante. Pleine de jolis préjugés. Tout ça l'avait un peu rassuré. Cette image sur laquelle il se masturbait tous les samedi soirs depuis presque un mois n'était rien de plus qu'une image. Bien moins idéale que ses fantasmes se l'étaient imaginés. Sax s'était offert le luxe d'imaginer leur première conversation de mille manières différentes, toutes plus incroyables les unes que les autres. Aucune qui ne fusse vraie.

Ce date ne datait pas de si longtemps que ça. Sax n'avait pas eut le bonheur de se faire tout un film sur comment se terminerait cette soirée. Sax avait compris à quel genre de rêveuse pragmatique il avait affaire. L'un de ses scénarios impliquait un scandale public en plein milieu du Machiavelli, son complet noir élégamment parfumé de liqueur de café. Sax n'espérait pas trop de ce premier rendez-vous. Et en même temps...

Il avait beau chercher, il ne savait pas pourquoi il s'était autant pris la tête sur ce profil-là. Tout particulièrement. Le crush. Immédiat. Une beauté scandaleuse derrière des références de théâtre et un accent français imaginable à l'infini. Elle avait l'air d'un ange avorté de son imagination fertile.

Il descendit d'une marche quand il lui sembla que son cœur rebondit à un visage particulier dans les mouvements de foule qui approchaient de l'entrée de l'opéra. Avec un grand sourire, il approcha en gardant sa main gauche dans la poche. Faussement détendu, il sentit que les muscles de son visage n'avaient pas besoin de sa bénédiction pour étirer un large sourire.

« Ariane ? Bonsoir ! Comment tu vas ? » Il la salua en approchant et ne put réussir à s'empêcher de jeter sur elle un regard ahuri. Cette garce était d'une beauté bluffante, sous les lumières de l'opéra. Alors, d'un geste parfaitement théâtral, il posa la main sur son cœur et fit mine de tomber arrière. « Ciel. Mes yeux brûlent d'un Soleil aussi radieux ! » Il éclata de rire et retira sa main de sa poche pour la poser sur le bras de la jeune femme. « Pardon, je te charrie, ehe. » Reprenant immédiatement une attitude décontractée dans un costume qui ne l'était pas tant que ça, il se permettait de la déshabiller du regard d'un air joyeusement béat. « Tu n'as pas eut trop de mal pour venir ? » Sax commença déjà à grimper méthodiquement les marches.
Posté le Sam 9 Fév - 15:23
Invité
Anonymous

-Mais non, j'ai un bon sens de l'orientation.

A sa suite, souriante et chaleureuse, elle paraissait à l'aise avec ces bizarres rencontres préparées à l'avance. Elle lui avait serré la main avec un sourire rayonnant. Enchanté ! Quand il déclamait son poème, elle eut un regard flatté qui lui disait aussi "Ne me met pas la honte en public dès les premières secondes, s'il te plaît". Mais elle avait dit "Es-tu poète aussi ?"

Ariane n'ajouta pas qu'elle n'habitait en fait pas si loin, à quelques stations de métro. Lors d'un premier rendez-vous, elle prenait un soin encore plus méticuleux à dissimuler les détails de sa vie personnelle. Surprise qu'il l'ait reconnu dans la foule, sur la simple base de ses photos de profils en noir et blanc, elle se laissait prendre au dépourvu par l'énergie communicative du garçon.
Il faisait plus jeune qu'elle ne se l'était imaginé. Ce détail lui permettait d'être à l'aise, il ne pouvait pas avoir de rapport d'autorité sur elle. Ce n'était pas encore tout à fait un homme. Ariane réalisa qu'elle passait beaucoup de temps avec des hommes plus âgés qu'elle et que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas discuté avec quelqu'un de son âge. En revanche il était plus grand, beaucoup plus grand que ce qu'elle pensait.

Habituée des salles de spectacle, elle n'avait pas pris la peine de se faire aussi élégante que lui. Mais elle admirait son effort. Ce n'était ni trop, ni négligé. Il portait bien cette horrible coiffure à la mode.

-C'est vraiment joli ça. Elle désignait sa veste, dans la queue massée qui attendait l'ouverture des portes. Est ce que c'est ce que tu portes pour les Hots d'Or ?

Autour d'eux, comme un mirage. Des vieilles femmes énervées, des étudiants en art aux costumes bariolés, des couples d'un certain standing, des professeurs et des programmateurs, des critiques, le public d'un opéra aussi bâtard et inchangé depuis des siècles.
Ariane devait admettre ses préjugés mais elle voulait passer outre. Les acteurs pornographiques étaient comme des héros dans le monde de l'art contemporain. Pourquoi ce jeune homme, beau, vraisemblablement assez intelligent, passait-il par des applications de rencontre ? Était-ce la fameuse réserve des allemands ? Le milieu du porno n'était il pas propice à rencontrer des petites amies ? Elle espérait qu'il lui parlerait de son travail et lui montrerait des échantillons. Jamais elle n'avait discuté avec quelqu'un du milieu jusqu'alors, si on ne compte pas cet artiste serbe qui faisait chanter son anus.

S'asseyant à côté de lui dans la salle, elle se déshabilla tranquillement sans interrompre leur conversation. Il lui semblait nerveux, étrangement, sous son assurance. Elle abandonna le beau trench gris qui enveloppait sa silhouette et le cala derrière son dos avec son foulard beige et son tout petit sac à mal en cuir rouge. Elle portait des bottes montantes, un jean foncé qui serrait sa taille avec un pull évasé qui laissait sortir la dentelle de son caraco. Sa gorge était protégée par un foulard beige. Ariane avait adopté cette élégance discrète qui caractérisait son milieu : érudite de l'équilibre d'une silhouette mais pas d'exubérance prétentieuse.

La salle leur imposa son silence et quelques heures plus tard, Ariane essuya l'humidité de ses joues, saisie par l'émotion de la musique qui la surprenait toujours.
Posté le Sam 9 Fév - 21:27
Invité
Anonymous

Sax restait silencieux. Observant d'un œil critique les petites rides expressives qui traversaient le visage d'Ariane et éclairaient son regard, le comédien se contenta de rire d'un souffle amusé à sa remarque. Un clin d’œil largement suffisant devant ces pudeurs joliment fardées d'élégance.

Dans la foule, Sax se sentait aussi à l'aise qu'une pute au petit matin. D'une désinvolture absolue et imperturbable, il observait quelques visages grimaçants au milieu des laids et des vieux. Quelques mains s'agitaient autour de lui et il y avait toujours quelques bouches un peu trop près de son épaule qu'il aurait voulu faire reculer d'un geste fort du bras.

Il n'était pas antisocial. Mais tous ces détails le percutaient toujours violemment. S'il avait fait de la résilience un métier quotidien, si Sax ne doutait pas une seule once de seconde à sa volonté de paraître d'une intransigeante tranquillité, il se rappelait toujours à ces moment-là qu'il haïssait les gens.

Il avait sacrifié un peu de son argent de poche pour leur payer une place un peu isolée et bien placée pour le spectacle. D'avantage pour lui-même que pour elle.

« Mh... ? »

Ses yeux cherchèrent machinalement le sujet de sa remarque sur son costume avant que Sax ne percute et sourit. Avant de pouvoir la remercier, il se laissa surprendre par sa question. D'un éclat de rire, Sax décida de jouer le jeu.

« Pour le savoir, il faudra m'y accompagner. »

Des questions déplacées, il n'était plus aussi sûr de pouvoir les déceler qu'à l'époque où il recevait encore les conseils de quelques professionnels en mal de paternalisme. Est-ce qu'Ariane se moquait ou essayait de le faire parler méthodiquement de son métier ? Ariane le mettait dans une méfiance monstrueuse et le forçait à jouer des sourires et des regards pour guider ses interventions. Il ne lui avait répondu que du bout des lèvres, la tête légèrement penchée sur le côté et l'allusion trop lourde sur la langue pour que ce fusse agréable à recevoir. Immédiatement après, il avança de quelques pas pour se rapprocher un peu plus du grand hall.

Quelques œillades et des regards curieux ponctuaient leurs échanges jusqu'à la salle. Sax avait du mal à s'en empêcher. Il y avait quelque chose de fascinant dans ce visage de poupon. Un visage sans âge. Une présence forte. Arrivé près de la réception, Sax laissa sa main suspendue sur l'épaule d'Ariane. Le temps de montrer les billets. De lancer quelques sourires. Puis de continuer leur route et reprendre le fil de leur conversation. Sa main avait rejoint la poche de son pantalon alors qu'il se glissait avec elle parmi les fauteuils en riant sans trop s'encombrer de discrétion. D'un geste un peu machinal, il tendit la main pour récupérer les affaires d'Ariane et les poser sur le siège vide à côté de lui, y déposant également sa propre veste.

Installés, enfin, Sax croisa les jambes et s'appuya sur l'un de ses accoudoirs. Le spectacle commence et Sax se laisse paisiblement porter par les voix des chanteurs. La musique accompagne l'envol et quelque fois, Sax ressent le besoin de redescendre. D'avoir de nouveau les jambes bien encrées dans son fauteuil. Alors, quelque rares fois, dans un moment un peu pataud ou une scène risible, Sax se permet un murmure ou deux à sa partenaire. Une blague sur le costume. Un détail cocasse dans le décor. Une anecdote inutile sur un chanteur. Pour atteindre son oreille, le comédien se permet de glisser ses doigts dans sa chevelure crépusculaire et d'un dégager doucement les quelques mèches qui le séparent de son attention. Lèvres entrouvertes et d'un mouvement lent, il se penchait sur elle en articulant un souffle long. Puis, il se rassoit. Et quelques minutes plus tard, il sourit et se penche de nouveau sur elle.

Alors, il reste comme interdit. Et tente de déceler ce qui est arrivé à son visage décomposé. Les larmes aux yeux. Une grimace qui retient l'émoi. Sax la regarde, incrédule. Son cœur bondit. Elle est belle.

Brusquement, son corps réagit d'un étau violent contre sa poitrine pour ensuite remonter le long de la gorge jusqu'à son visage, lui arracher les pommettes et faire rougir ses yeux. Béat, émerveillé, il reste interdit quelques longues secondes en battant des cils et décide de la laisser à ses émotions. Il se re-installe sur le dossier de son fauteuil, sage. Et pose sa main sur son épaule pour la lui frictionner, attendri et comblé d'un sentiment de satisfaction intérieur. Quand elle semble reprendre contenance, Sax l'abandonne à la conclusion de la pièce et se lève en portant sur un elle un sourire à la fois moqueur et ému.

« Tu as récupéré toutes tes affaires ? » Après avoir enfilé sa veste, Sax décide de l'attendre à la fin de sa rangée pour ensuite descendre le hall à ses côtés.

« Eh bah. Faut croire que j'ai visé juste. Ca va aller ? » Moqueur, il la regardait avec une attention soucieuse.

Puis, il sortit un paquet de cigarettes usé mais encore quasiment plein du fond de la poche de sa veste. Lui tendant le bout de carton, il lui sourit.

« J'admire quand les gens sont capables de pleurer devant une oeuvre. Moi, j'ai le cœur trop sec, ehe. »
Posté le Dim 10 Fév - 22:34
Invité
Anonymous

Une main dans la poche, elle accepte une cigarette en jetant un coup d'oeil rapide sur la marque. Son corps est léger comme après une belle oeuvre d'art.

Elle rit à sa remarque. -Je sais, je pleure beaucoup. C'était vraiment magnifique, non ? ... j'ai besoin d'y repenser...

Depuis qu'elle a commencé à utiliser ces applications, elle s'est aussi remise à fumer alors qu'elle avait promis à son conjoint d'arrêter.
La nuit a eu le temps de complètement tomber. La satisfaction d'avoir apprécié un beau spectacle la rend de meilleure humeur. Elle est moins méfiante de partager avec lui cet instant. Une once de culpabilité la prend quand elle se rappelle que c'est un moment qu'elle aurait aimé partager avec Malcolm et pas avec un inconnu rencontré sur internet.

-Merci beaucoup pour cette invitation, c'est une soirée de gagnée... Est ce que tu veux aller boire un verre quelque part ? Ou c'est très parisien comme proposition ?

La promiscuité dont joue Sebastien la met déjà dans une drôle de disposition. Ses murmures, sa tactilité qui teste, ses blagues et ses offrandes... elle s'attend à tout moment à une situation gênante pendant la soirée. Il ne faut surtout pas trop traîner. Une autre part d'elle est flattée de plaire à quelqu'un qui doit voir énormément de femmes dans ses journées, même si Ariane se sait très jolie.
En discutant d'avantage, elle déduira de lui ce qu'elle désire de cette rencontre. Il a le visage dur et un peu effrayant, elle ressent une énergie très dominante en lui devant quoi elle redoute de ne pas parvenir à s'affirmer. Son regard en particulier a quelque chose du requin, ça ne lui plaît pas beaucoup. Mais un homme comme lui doit être à l'aise et au fait de tellement de choses dont elle pourrait avoir besoin. Son métier est la raison principale de son acceptation. Qui mieux qu'un travailleur du sexe pour parler de désir ?
Posté le Lun 11 Fév - 3:10
Invité
Anonymous

« Parfois, on frôlait le too much, quand même... » Sax ne prenait jamais la peine de se remémorer les choses. Lâchant un avis à chaud et complètement guidé par ses dernières impressions, il peinait toujours à offrir à ses interlocutrices un dialogue idéal pour ça. Sax évitait de re-faire subir à son corps des émotions qui le dépassaient. « J'avoue que j'ai toujours un... Petit frisson quand la Reine de la Nuit demande à sa fille d'assassiner Sarastro, ehe. »

Un petit frisson. Seulement un petit frisson.

Sax adorait ce personnage maternel et puissant. La demande à poumons déployés d'une femme désespérément prisonnière de la vertu d'un seul homme dans de grandes vocalises acérées. Exilée, méprisée. Une mère a qui on avait enlevé son enfant et qui jurait d'engager toute sa puissance pour libérer sa fille et elle-même du joug de la Lumière. De la Vertu. Un mère furieuse des passions et qui réclame de son enfant de la sauver de la tyrannie. Une mère seule mais capable de prendre les dieux à témoin pour jurer mort à ceux qui l'avaient engouffrés dans les ténèbres de la haine. Une femme, une mère, une reine. Ce passage-là sollicitait toujours toute son âme et ses émotions. Ce passage-là était sans doute capable de l'assassiner.

« J'aime beaucoup les interventions de Papageno, aussi... » Il ponctua sa phrase d'un souffle rieur, l'air de rien tandis qu'ils s'engouffraient dans le froid nocturne de Janvier.

Parler était facile. Faire croire de sa bonne volonté l'était tout autant. Ariane n'avait pas tant besoin de connaître les petits piques au cœur qui déchiraient de temps en temps sa poitrine. Il s'en protégeait comme il le pouvait. Qu'Ariane puisse pleurer, si elle en avait l'occasion. Quand Sax ne prenait pas la peine de se détacher du monde qui l'entourait, se sentait perdu, arraché d'un Enfer auquel il ne pourrait jamais retourner.

Sans prendre de cigarette et un peu pensif, Sax rangea son paquet et descendit les marches. Il gardait le profil adressé à Ariane, toujours légèrement tourné vers elle. Comme pour lui offrir toute son attention. Lorsqu'ils arrivèrent au bas des marches, il continua un peu vers le bord du trottoir pour inspirer une grande goulée d'air avant de se tourner et s'approcher d'elle.

Sax s'étonna de la proposition d'Ariane. Inclinant la tête au moment où elle le remercia, comme s'il lui avait offert cet instant de bon cœur, il se rappela qu'il savait déjà où l'emmener.

« Un jour, on ira à Paris tous les deux et tu me feras découvrir absolument tout ce qui est local. »

Le jeune homme souriait et riait doucement. Il avait déjà gagné la première manche mais il ne se satisfit pas entièrement de cette victoire. S'il était certain qu'il pourrait, plus tard, la dater de nouveau, Sax avait pour objectif de la pousser à le re-contacter. Il se le promettait : Elle lui mangerait de la main avant même qu'elle ne s'en rende compte.

Alors, il tapa dans ses mains et se les frotta comme un organisateur impatient.

« Mais en attendant ! Tu aimes l'Italie... ? La Méditerranée, l'huile d'olive, les herbes de Provence, le fromage, les bons vins... » Énuméra-t-il d'un mouvement de la main. Il plissa les yeux et scanna son regard. « Bien sûr que tu aimes. Qui n'aime pas ? » Sax se souvenait très bien que la petite aimait les spécialités du Sud de la France. Les spécialités Méditerranéennes. « Je t'emmène dans un bar-restaurant. » Il embrassa le bout de ses doigts d'une mimique scandaleusement clichée. « Une merveille. Si je dois pleurer, personnellement, c'est à chaque fois que je goûte leur tapenade. On peut s'installer manger ou simplement boire un verre. » Sax eut une petite moue en haussant des épaules. « Qu'est-ce que tu en dis ? »

Renfonçant de nouveau sa main dans la poche, il chercha d'avance l'entrée du parking pour rejoindre sa voiture.
Posté le Lun 11 Fév - 19:24
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C'était désolant de ne pas réussir à ce point à mettre des mots immédiatement sur son ressenti. Elle avait écouté ses palabres en acquiesçant vivement avec des "mh hm, mh mh mh mh, mh", parfois ponctué de "oui c'est sûr, oui mais". Elle ne se rappelait déjà plus des noms des personnages, c'était la première fois de sa vie qu'elle voyait une Flûte Enchanté à l'Opéra. L'orchestre, la musique, tout cela suffisait à l'émouvoir. Bien plus que la vraie vie. Quand elle était déprimée, elle allait frénétiquement au cinéma, voir toutes les séances de toute la journée. Loin des visages passifs de ses photographies, c'était une femme vive et réactive dans ses gestes, ses mots et ses regards.

-Avec plaisir, c'est une très bonne idée.

Ce garçon avait de quoi surprendre.
Il lui semblait déceler chez lui un complexe de classe. Se sentait-il obligé de surenchérir de raffinement parce qu'il la savait issu du milieu universitaire ? L'opéra, l'italien, peut-être que la soirée prendrait fin dans un vernissage nocturne de photographies hongroises.
Peu importait finalement, c'était agréable de sentir qu'on se pliait en quatre pour faire bonne figure à ses yeux. Elle lui souriait, encourageante, les yeux bien ouverts et bien attentifs, comme un petit faon aux abois. Ariane jouait merveilleusement bien l'ingénue passionnée, c'est comme ça qu'elle avait obtenu tous ses emplois.

Son sac à main à ses pieds, elle attacha sa ceinture dans un petit clac, les bras croisés. Comme toute femme à ce jour, elle se demanda une seconde "et s'il m'emmène ailleurs, pour me tuer ou me violer sous les roues de sa voiture ?". Les statistiques disaient que tinder avait servi d'outil à de très nombreux agresseurs. Pourquoi un acteur pornographique aurait-il besoin d'agresser une pauvre femme au foyer ?
Pendant le trajet elle lui parla un peu de Paris. Architecturalement, c'est sûr que c'est plus intéressant que Berlin, en revanche le monde de la nuit y est vraiment moins lumineux, et la mentalité...
A la place du passager, elle pouvait l'observer discrètement sans qu'il le remarque. Elle regardait les lumières de la ville sculpter son visage de cire, des petites œillades très discrètes en détachant ses yeux de la route. Subitement, elle lui trouvait plus de charme, ainsi concentré. Elle se demanda quelle tête il faisait quand il avait un orgasme.

-Tu voyages beaucoup ?

Puisqu'il posait très peu de question, elle s'en chargerait. Ce date était trop inédit pour ne pas chercher à le découvrir un peu. Elle pensait laisser l'alcool délier un peu la conversation plus tard.
Posté le Mar 12 Fév - 19:30
Invité
Anonymous

Le regard attentif, immobile et d'un air presque pensif, Sax s'arrêtait souvent quelques secondes pour réfléchir à ce que disait la jeune femme. Il visualisait ses mots et ses ressentis comme les siens et s'attardait à s'imaginait à sa place, consciencieux dans leur discussion. Sax ne donnait pas beaucoup son avis mais posait des questions. Vraiment ? Pourquoi ? Tu préfères ? C'est à dire ? Sans jamais donner son propre avis ni chercher vraiment à la connaître. Le garçon se foutait bien de connaître son parcours. Il se nourrissait exclusivement des émotions qu'il pouvait faire ressortir à travers son regard et ces réflexions songeuses qu'elle pouvait prendre lorsqu'il réussissait à lui faire poser lemême temps que lui à définir le fond de sa pensée.

Quelquefois, il riait et s'appliquait à jeter sur son visage un regard soucieux et ému. Dans ses questions pouvaient suinter un jugement. Une remarque acerbe. Un reproche non-dit, posé là presque comme un défi ou une provocation amusée. Puis il riait et faisait mine de se moquer de lui-même.

Ariane était ses yeux à travers un changement de vie qu'il pouvait presque vivre à travers elle. Il lui réclamait des anecdotes et ses ressentis. Touchait parfois du bout du doigt une émotion qu'il sentait ressortir de sa conversation. Et il l'agrippait pour la faire sienne quelques secondes. Cependant, la retenue d'un premier contact imposait une pudeur orgueilleuse que Sax détestait. Alors, quelque fois, sentant dans l'air quelque chose semblable à un malaise étrange, il se re-concentrait brusquement sur la route, presque un peu boudeur. Calme et indifférent.

Après un silence semblable, Sax ramena un peu de calme dans son esprit. Attentif à la route à prendre jusqu'au Machiavelli, il en oublia la présence d'Ariane sans pour autant réussir à détendre parfaitement tout son corps. La voix de sa passagère le surprit presque et d'un air paresseux, il s'adressa à elle en riant un peu, sans détacher ses yeux de la route.

« Assez, oui. » Il tenta de remémorer ses voyages durant une brève seconde mais fut incapable d'en parler d'avantage, dans un premier temps.

Puis il parla naturellement de son travail et de ses obligations. Ses tournages aux USA ou en Angleterre. Des conventions, des salons de l'érotisme. Il parla du Pays-Bas et énuméra vaguement les lieux qu'il avait visité, sans vraiment s'attarder sur la chose. Il n'espérait pas d'elle une attention particulière. Un renseignement quelconque que l'on demande, un peu potache, dans les premiers rendez-vous pour savoir sur quel pied danser.

Alors Sax souriait et s'amusait d'une maladresse qu'il s'imaginait de la part d'Ariane. Presque moqueur. D'avantage curieux de comprendre pourquoi sa première réelle question était liée ainsi au voyage, il la lui retourna d'un air convaincu.

« Et toi ? C'est une première pour toi ? Ehe, c'est pas toujours évident, de changer de pays, comme ça. »

Ariane voyageait forcément. Elle avait le sens de l'orientation, semblait avoir une ouverture d'esprit plus grande que la plupart des filles semblaient avoir. Elle était d'avantage attentive que bavarde. Il se demandait quel genre de défiance fascinée Ariane pouvait avoir pour l'inconnu et l'exploration.

Le sourire qui s'affichait sur son visage attendait de confirmer ses spéculations. Se défiant lui-même à un peu de mentalisme, Sax adorait résoudre des équations psychologiques pour ensuite se confronter au résultat corrigé. Si tant est que le résultat n'était pas faussé d'un peu de pudeur.
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La Reine de la Nuit • Pv. Ariane

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